En attendant l'épisode 2 de Paris sera toujours très Wii (notez au passage que la déco de quaidesomme s'est enrichie de photos du wii-kend) et la sélection poétique de mon cher et tendre, voici un petit intermède commotionnant, hamlétique confession de conscience professionnelle. Pour la première fois de ma carrière, j'ai eu le sentiment d'être vraiment utile. Je parle d'une utilité mesurable par une calculette ministérielle à rendement éducatif : du lourd, du concret, du palpable. Bref, j'ai aidé une élève.
Parce qu'on a beau se consoler en songeant avec humilité qu'il s'agit d'allumer une petite étincelle de curiosité, on sait bien que ce n'est pas ça qui sauvera de l'Enfer tous ces citoyens en devenir; que lire "La Mort du loup" en respectant bien les enjambements avec l'ombre d'un début d'intention expressive, ça ne les préservera pas du chômage; que définir une héroïne tragique ne paiera pas les traites du pavillon bâti à grands frais aux abords de Coucouville. Et là, je ne vous parle même pas des langues anciennes...
Quand Mélônie m'a demandé de l'aider à écrire une lettre de motivation ("euh... c'est pour demain!") je me suis dit que c'était une sacrée tuile, que ce genre de prose n'avait jamais été dans mes cordes, et j'ai maudit, maudit, maudit, l'individu louche qui, en inventant la lettre de motivation, avait résolu de me faire perdre la face devant une gamine de 17 ans. Mais comme elle avait vraiment l'air de me prendre pour un expert en la matière (la supercherie du siècle), je ne me suis pas départi de mon air de fin connoisseur.
Je pensais devoir faire illusion; mon aide n'a rien eu d'un gadget. Et je crois même que j'y ai pris du plaisir. En parlant avec elle (au début, c'était histoire de meubler), j'ai fait émerger tous les points qu'elle devait mettre en avant. Bien sûr, une vraie situation d'apprentissage aurait voulu qu'à partir de ce canevas, elle rédige toute seule. Mais étant donné l'urgence et l'indigence syntaxique de la demoiselle (fort mûre, au demeurant), je me suis un peu retrouvé à improviser l'intégralité de son courrier, pendant qu'elle opinait du bonnet et ponctuait ma dictée de quelques "ah ouais, ça c'est pas mal!". Du coup, l'aspect pédagogique s'est vite limité à l'accord du participe passé...
Il n'y a pas à dire, quand les mômes sont demandeurs et pleins de reconnaissance, c'est un métier gratifiant. Mais ça, c'est aussi fréquent que la comète de Haley. Cela dit, à la cadence à laquelle s'allonge la durée de cotisation, je risque de vivre d'autres moments comparables avant ma retraite...
G.
P.S. : j'espère que Mélônie me tiendra au courant des suites de sa lettre...
Parce qu'on a beau se consoler en songeant avec humilité qu'il s'agit d'allumer une petite étincelle de curiosité, on sait bien que ce n'est pas ça qui sauvera de l'Enfer tous ces citoyens en devenir; que lire "La Mort du loup" en respectant bien les enjambements avec l'ombre d'un début d'intention expressive, ça ne les préservera pas du chômage; que définir une héroïne tragique ne paiera pas les traites du pavillon bâti à grands frais aux abords de Coucouville. Et là, je ne vous parle même pas des langues anciennes...
Quand Mélônie m'a demandé de l'aider à écrire une lettre de motivation ("euh... c'est pour demain!") je me suis dit que c'était une sacrée tuile, que ce genre de prose n'avait jamais été dans mes cordes, et j'ai maudit, maudit, maudit, l'individu louche qui, en inventant la lettre de motivation, avait résolu de me faire perdre la face devant une gamine de 17 ans. Mais comme elle avait vraiment l'air de me prendre pour un expert en la matière (la supercherie du siècle), je ne me suis pas départi de mon air de fin connoisseur.
Je pensais devoir faire illusion; mon aide n'a rien eu d'un gadget. Et je crois même que j'y ai pris du plaisir. En parlant avec elle (au début, c'était histoire de meubler), j'ai fait émerger tous les points qu'elle devait mettre en avant. Bien sûr, une vraie situation d'apprentissage aurait voulu qu'à partir de ce canevas, elle rédige toute seule. Mais étant donné l'urgence et l'indigence syntaxique de la demoiselle (fort mûre, au demeurant), je me suis un peu retrouvé à improviser l'intégralité de son courrier, pendant qu'elle opinait du bonnet et ponctuait ma dictée de quelques "ah ouais, ça c'est pas mal!". Du coup, l'aspect pédagogique s'est vite limité à l'accord du participe passé...
Il n'y a pas à dire, quand les mômes sont demandeurs et pleins de reconnaissance, c'est un métier gratifiant. Mais ça, c'est aussi fréquent que la comète de Haley. Cela dit, à la cadence à laquelle s'allonge la durée de cotisation, je risque de vivre d'autres moments comparables avant ma retraite...
G.
P.S. : j'espère que Mélônie me tiendra au courant des suites de sa lettre...
1 commentaire:
La prochaine fois, si tu n'as pas envie de t'y mettre, refile-leur mes coordonnées : je me fais payer très cher pour rédiger ce genre de lettres ;o))
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