16 février, 2007

Numquam demissus, semper alacer*

Aujourd’hui, j’ai eu un coup de foudre. Professionnel.

Pourtant, la journée s’annonçait à peine moins pénible qu’un vendredi ordinaire (je préfère le lundi au vendredi, c’est tout dire !) : une journée de formation entre dinosaures accro aux langues anciennes (-Salut, je m’appelle Marcus, et je suis latiniste - Ave, Marce !), histoire de constater l’étendue des dégâts : de moins en moins d’élèves, et donc d’heures, d’étudiants et, au grand soulagement des foules, de profs. ça commence à se savoir : même P.J. parlait de la désaffection du latin dans l’épisode de ce soir (z’ont fait exprès de le programmer le soir de notre réunion, si c’est pas un complot !). Évidemment, leur spécimen de latiniste était un illuminé, maniaco-dépressif total à l’ouest qui se vomissait dessus – en fait, ils sont super à l’écoute de la société française, les scénaristes de P.J.

Peu d’inscrits à cette réunion. Trois fois moins de présents. Bientôt, seul le WWF voudra encore de nous. Marie-Dominique voulait faire la révolution et a engueuelé un des intervenants quand il a dit que c’était trop facile d’incriminer des facteurs extérieurs sans remettre en question nos pratiques. Elle était remontée M-D : ils ont programmé notre mort, ceux d’en-haut, pas l’ombre d’un doute !

Moi, je ne pense pas qu’on veuille absolument notre mort. Sauf peut-être le directeur de la structure d’accueil qui tient peut-être à compléter sa collec’ de mammouths prisonniers des glaces : on se les gèle dans cet amphi à 90% vide ! Cet aprem’, je reviens avec un pull plus chaud (surtout que le mec devant porte le même que moi et que ça m’éneeeeeeeeeerve ! Il doit vraiment y avoir un look prof de latin)

C’est vrai que peu de matières ont à faire leur examen de conscience, à se justifier d’exister. C’est vrai que c’est usant, angoissant même. Mais il est possible, aussi, que cela soit notre force (amen).

L’usage veut qu’on consacre l’après-midi à des travaux de groupes. On était une telle foule, qu’on a pu en faire trois. Et c’est là que j’ai eu mon coup de foudre pour une jeune collègue super dynamique. On n’a pas cessé d’échanger des idées sur la démarche à adopter face au texte proposé. Les deux autres nanas écoutaient sans piper mot. Quand il a fallu rapporter le résultat de nos recherches, on l’a fait à deux voix. « Vous formez un beau duo » nous ont dit nos deux muettes collègues à la fin de notre travail. Je ne comprends pas comment on peut accrocher aussi vite, être aussi efficace avec une inconnue, mais ces petits miracles vous regonflent à bloc ! J’ai bien envie de retravailler avec elle !

Je ne crois pas qu’une telle symbiose professionnelle soit possible avec un mec : je me sens forcément en rivalité avec un autre homme ; c’est limite si je ne montre pas les dents (je ne suis qu’un mâle, après tout !). Bizarrement, il y a aussi moins de séduction avec un collègue. Et moi, grand ado, je marche beaucoup à l’affectif, dans mon boulot comme ailleurs.

G.

* Jamais abattu, toujours alerte

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