Mardi soir, 19h30, j'ai expérimenté la plus improbable des conversations commerciales qui m'ait été donné de connaître dans ma carrière de bonimenteur de téléconseiller.
(voix chantante, accent exotique)
"Bonsoir, Christelle de la société des grands vins de Morteau, Monsieur PitouG.?
Pitou V.- Oui, c'est lui-même. Bonsoir Christelle.
Christelle/Phélicie- Comment allez-vous Monsieur PitouG.?
V. - Très bien, et vous?
C. - Oh oui, très très bien!
V. - Ah, tant mieux, quand la santé va...
C. - C'est bien vrai ça! (rires de concert) Vous avez une voix charmante, Monsieur.
V. - Vous me flattez!
C. - Si, si, je vous assure! Puis-je vous demander combien de printemps vous avez?
V. (26 ans et 6 mois au compteur) - Euh... 35.
C. - Ah, et combien m'en donneriez-vous?
V. - Euh... 28?
C. - Presque: 25. Je suis un peu trop petite? (rires)
V. - Eurgh...Grountch... Non c'est parfait.
C. - Dites-moi Monsieur PitouG., en ce jour de Saint Valentin, vous êtes amoureux?
V. (attendri) - Oh oui!
C. - Et vous êtes marié?
V. - J'ai ce bonheur...
C. - Mais je ne voudrais pas semer la jalousie... (rire minaudant)
V - Non, il ne faut pas, c'est terrible la jalousie...
C. (soudain philosophe) - Oh oui, c'est un sentiment qui...
V. (enthousiaste et incrédule)- Tout à fait!
C. - ça vous donne... comment dire... un sentiment de possession.
V. - Exactement.
C. - Moi je suis très jalouse, très possessive. Quand je veux un mec, je suis comme une tigrrresse: je lui donne tout et il ne résiste pas, croyez-moi. (rire sadico-libidineux)
V. - Ah je veux bien le croire...
C. - Bien, je ne veux pas vous prendre votre temps Monsieur PitouG. (rires de celle qui me tient la jambe depuis dix minutes) Vous aimez boire du bon vin?
V. - Ah non, ma religion me l'interdit.
C. (enfin déstabilisée) - Ah. Et puis-je vous demander quelle est votre religion?
V. - Musulmane.
C. - Et votre femme aussi?
V. - Aussi.
C. - Ah c'est très bien, ça. (de nouveau pontifiante) C'est pas bien quand un boit et pas l'autre...
V. - Non...
C. - C'est bien d'être sur le même chemin.
V. - Oui, tout à fait et je veux continuer sur cette voie.
C. - Vous avez raison. Il faut continuer sur ce chemin de vie. Bien je vous remercie pour votre gentil accueil Monsieur PitouG. Au revoir."
V.
15 février, 2007
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8 commentaires:
Pas mal !
Maisd c'est dingue tu es un aimant a ces appels ! A croire qu'ils aiment ça, ils doivent se refiler votre numero de telephone.
En ayant bossé dans le phoning je suis sur le cul ! La fille qui dragouille et raconte sa vie c'est pas vraiment dans le manuel.
Et puis a l'annonce "Société les grands vins de Morteau"... c'est pas elle qui t'a fait une blague? Des grands vins a Morteau... n'importe quoi... ;-)
Anna => n'est-ce pas!
Timy => Je te rassure, on a transformé le nom de sa société. Tu gardes le -or-, tu gardes le -eau- et tu complètes!
J'ai raté cet appel, ayant été retenu par un @#+%# de conseil qui s'est terminé à 21 heures. MAis un copain était là avec mon homme pour authentifier (on va finir par inviter un huissier à dîner tous les soirs, au rythme où vont ces appels!)
Mon hypothèse, c'est que c'est une étudiante en français, officiant sur une plateforme à l'étranger, qui avait envie de pratiquer un peu la langue... Quoi d'autre?
G.
Incroyable!
Mais elle sait pas que les appels sont écoutés par les chefs??? La pauvre fille, si elle continue à raconter sa vie au lieu de vendre du vin comme ça, elle va se faire virer!!
En tout cas c'est savoureux!
Un jour il faudra vraiment que j'essaye de bonimenter au lieu d'enchaîner "non merci ça ne m'intéresse pas c'est gentil au revoir merci" - clic. Ca marche aussi mais c'est moins marrant.
Mais, G., tu sais bien qu'une langue ça se pratique mieux en face à face ; et plus on est près, mieux c'est ;o)
Bonsoir! et bien vous en avez de la chance de recevoir des appels comme ça! ça ne m'est jamais arrivé a moi lol, ça doit-etre une spécialité de chez vous???
R.
C'est assez sidérant, n'est-ce pas? Et je n'ai fait que retranscrire, sans doute avec de la perte, notre très longue conversation. J'ai parfois eu du mal à conserver le fil de mes petites bêtises tant j'étais surpris par les méthodes de cette téléconseillère. Mais après tout, c'était peut-être un moyen de recueillir de précieuses données statistiques...
Cela me rappelle un livre que j'ai lu avant de commencer vraiment mon métier de prof: Le petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens qui présentait des techniques comme celle du "pied dans la porte" qui consiste à faire une demande peu coûteuse qui sera vraisemblablement acceptée, suivie d'une demande plus coûteuse... Ici notre téléconseillère aurait expérimenté la techniques dite du "char d'assaut dans la porte"
V.
et c'est quoi ce grounch? Tu brunchais en l'écoutant déployer son argumentaire?
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