Puisque le blog est une manière d'autobiographie, voici une question fondamentale : faut-il être si égocentrique pour écrire sur soi. Réponse d'Ernest Renan, dans Souvenirs d'enfance et de jeunesse : " Ce qu'on dit de soi est toujours poésie. S'imaginer que les menus détails sur sa propre vie valent la peine d'être fixés, c'est donner la preuve d'une bien mesquine vanité. On écrit de telles choses pour transmettre aux autres la théorie de l'univers qu'on porte en soi"
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5 commentaires:
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Ce que je retiens de cette citation de Renan, c'est le mot « poésie » ; j'y vois la création, la transformation en beauté du quotidien qui sans l'interprétation que l'on peut en faire, reste de la réalité brute. Il peut en effet sembler prétentieux, égocentrique, de raconter les détails de sa vie, sauf si l'on y met de la poésie, de l'art dans la façon de le faire ; dans ce cas, l'écrit pourra inspirer des éventuels lecteurs... Éluard disait : « Le poète n'est pas tant celui qui écrit comme celui qui inspire. » (En ce sens, le beau garçon que je regarde à son insu est peut-être plus poétique que moi qui vais écrire un commentaire dans mon journal ou essayer d'en faire un poème ; l'autre avec qui je dialogue est peut-être plus inspirant, donc poétique, que moi qui essaierais d'écrire.) Et, pour terminer, j'ai affiché partout, chez moi, à mon bureau, cette phrase du sociologue Edgard Morin : « Vivre, c'est vivre poétiquement ; si non, ce n'est pas vivre, c'est survivre. »
Il ne faut pas oublier non plus que si nous pouvons citer aujourd'hui cette phrase de Renan, c'est qu'il a pris la peine de l'écrire et de la publier... Il en est ainsi de tous les commentaires sur l'égocentrisme et la vanité... À ce compte-là, « vanitas, vanitatum, et omnia vanitas »
Si « la lecture est le propre de l'homme », comme l'a écrit une femme de lettres française, on peut ajouter que « l'écriture est le propre de l'homme d'esprit ».
Ajoutons que Renan se réfère lui-même à Goethe, auteur de Poésie et Vérité (Dichtung und wahrheit?)
Autre titre possible : « Légendes et Vérités », en donnant au mot « légende » celui de « rêve », d'« imagination »... Les légendes auront toujours plus fait rêver que toutes les vérités... et sans les rêves, la vie ne serait qu'une morne plaine... Les réalités d'aujourd'hui sont bien souvent des rêves d'hier (des cauchemars, parfois, mais ça c'est autre chose). Je ne sais plus qui a dit qu'il fallait « faire de sa vie un rêve et de ce rêve une réalité » ; j'y souscris.
Si nos écrits puisent leurs matériaux dans nos vies personnelles, il faut reconnaître aussi que, bien souvent, nos écrits transforment nos vies..., un peu comme l'indique le titre de Phlippe Delerm (oui, le père de Vincent ;o) : « Les chemins nous inventent ».
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