Ce fut un beau mariage - et ce n'est que justice pour cette adepte de Rohmer. La mariée était magnifique; le marié est resté en retrait, comme s'il pensait ne pas la mériter. Tous deux étaient très entourés.
Ce fut un beau mariage, mais comme toute fête un peu longue, il ne m'a pas épargné le traditionnel coup de blues sur les coups de 2h. Bien sûr, j'étais heureux de retrouver ces amis que nous voyons si rarement depuis le début de notre exil. Heureux de voir Péo-Péo si radieuse dans sa robe de Dame du Lac. Cela faisait un bail aussi que je guettais l'opportunité de danser. Pourtant, indépendamment de la nostalgie qui m'encombre trop souvent lors des retrouvailles, ma joie s'est trouvée écornée par des détails qui autaient dû rester insignifiants.
Je n'aime pas trop me mettre en avant : la prise de risque sur le devant de la scène, ce n'est définitivement pas mon truc. Mes bulletins scolaires relevaient déjà : "élève discret mais efficace", et la chef de Patelinvillers m'a rendu hommage lors du pot d'adieux en insistant sur ma discrétion (louange suffisamment ambiguë pour qu'elle se sente obligée de préciser "c'est une qualité") et mon dévouement pour les élèves (mouais). Le problème, c'est que, sans jouer les stars, j'aime qu'on me remarque. Alors l'impression de devenir soudainement transparent et d'enliser ma conversation vers d'inégalables platitudes, voire des borborygmes, je l'ai mal vécue.
Le complexe d'infériorité est d'autant plus mordant que la concurrence est rude. Ce garçon était décidément trop beau. Ce garçon, c'était évidemment Bombasse, dont nous avons longtemps guetté l'entrée. Le nombre d'or s'est manifestement penché sur son berceau. Ses proportions sont idéales, ses traits réguliers, son corps athlétique,ses fesses à croquer. L'ensemble aurait un peu manqué de chaleur, n'était son regard coquin qui claironne "j'ai bien vu que je te plais!". Se dégagent de lui puissance et maîtrise. C'est rageant.
Si Bombasse a gardé l'air de mousquetaire qu'il arborrait déjà l'été dernier, Veinarde a changé. Son visage s'est marqué. D'ailleurs, à bien y regarder, elle n'est pas la seule... Rides, silhouettes alourdies, golfes temporaux creusés, cernes : le temps a, en un an, bien avancé son travail de sape! Je ne nourris évidemment pas l'illusion d'avoir échappé à l'assaut. Au pot d'adieu, ma chef (encore elle) a tenu à faire le bilan de mon passage au bahut : "Vous êtes arrivé, il y a cinq ans, tout jeune et tout beau"... Le message est dans l'implicite. Je vous laisse apprécier.
Ce genre de coup de blues ne devrait pas résister à la rationalisation :
1) On ne peut pas briller sans discontinuer dans une conversation de plusieurs heures.
2) On trouve toujours des mecs plus beaux que soi. D'ailleurs, je suis sûr que, pourvu du physique avantageux de Bombasse, je serais tenté de temps à autre d'être un petit mec à la taille de guêpe (et aux pectoraux de guêpe itou). Il faut accepter le principe de réalité : je ne suis pas Protée (parce que c'est pas poli). Et pas Bombasse non plus (grrr)
3) Bah oui, le temps passe. Mais ce n'est pas un mal de quitter le monde des minous pour gagner celui des adultes. Scott me trouvait des airs de héros de manga, du temps lointain où je m'étais entiché de lui (ce n'est pas pour autant qu'il avait viré de bord) : on peut sans doute imaginer plus crédible comme prof et comme homme. Gageons que l'âge peut faire passer du mignon au beau. Ok, le succès de la mutation n'est pas garanti (conneries de golfes hippocratiques!)
Mais il y a une chose que ces réflexions n'ont pas pu contrer : mon corps ne tient plus le choc, ne suit plus le rythme. J'ai même cru un instant que mon coeur allait bondir hors demon viril poitrail sa cavité naturelle. Il faut vraiment que je me remette au sport!
G.
P.S. : Et puis Bombasse n'a pas tant d'abdo que ça (j'avoue, c'est trop la honte, j'ai guetté le moment où il s'étirait pour mater son ventre vigoureux!).
Ce fut un beau mariage, mais comme toute fête un peu longue, il ne m'a pas épargné le traditionnel coup de blues sur les coups de 2h. Bien sûr, j'étais heureux de retrouver ces amis que nous voyons si rarement depuis le début de notre exil. Heureux de voir Péo-Péo si radieuse dans sa robe de Dame du Lac. Cela faisait un bail aussi que je guettais l'opportunité de danser. Pourtant, indépendamment de la nostalgie qui m'encombre trop souvent lors des retrouvailles, ma joie s'est trouvée écornée par des détails qui autaient dû rester insignifiants.
Je n'aime pas trop me mettre en avant : la prise de risque sur le devant de la scène, ce n'est définitivement pas mon truc. Mes bulletins scolaires relevaient déjà : "élève discret mais efficace", et la chef de Patelinvillers m'a rendu hommage lors du pot d'adieux en insistant sur ma discrétion (louange suffisamment ambiguë pour qu'elle se sente obligée de préciser "c'est une qualité") et mon dévouement pour les élèves (mouais). Le problème, c'est que, sans jouer les stars, j'aime qu'on me remarque. Alors l'impression de devenir soudainement transparent et d'enliser ma conversation vers d'inégalables platitudes, voire des borborygmes, je l'ai mal vécue.
Le complexe d'infériorité est d'autant plus mordant que la concurrence est rude. Ce garçon était décidément trop beau. Ce garçon, c'était évidemment Bombasse, dont nous avons longtemps guetté l'entrée. Le nombre d'or s'est manifestement penché sur son berceau. Ses proportions sont idéales, ses traits réguliers, son corps athlétique,
Si Bombasse a gardé l'air de mousquetaire qu'il arborrait déjà l'été dernier, Veinarde a changé. Son visage s'est marqué. D'ailleurs, à bien y regarder, elle n'est pas la seule... Rides, silhouettes alourdies, golfes temporaux creusés, cernes : le temps a, en un an, bien avancé son travail de sape! Je ne nourris évidemment pas l'illusion d'avoir échappé à l'assaut. Au pot d'adieu, ma chef (encore elle) a tenu à faire le bilan de mon passage au bahut : "Vous êtes arrivé, il y a cinq ans, tout jeune et tout beau"... Le message est dans l'implicite. Je vous laisse apprécier.
Ce genre de coup de blues ne devrait pas résister à la rationalisation :
1) On ne peut pas briller sans discontinuer dans une conversation de plusieurs heures.
2) On trouve toujours des mecs plus beaux que soi. D'ailleurs, je suis sûr que, pourvu du physique avantageux de Bombasse, je serais tenté de temps à autre d'être un petit mec à la taille de guêpe (et aux pectoraux de guêpe itou). Il faut accepter le principe de réalité : je ne suis pas Protée (parce que c'est pas poli). Et pas Bombasse non plus (grrr)
3) Bah oui, le temps passe. Mais ce n'est pas un mal de quitter le monde des minous pour gagner celui des adultes. Scott me trouvait des airs de héros de manga, du temps lointain où je m'étais entiché de lui (ce n'est pas pour autant qu'il avait viré de bord) : on peut sans doute imaginer plus crédible comme prof et comme homme. Gageons que l'âge peut faire passer du mignon au beau. Ok, le succès de la mutation n'est pas garanti (conneries de golfes hippocratiques!)
Mais il y a une chose que ces réflexions n'ont pas pu contrer : mon corps ne tient plus le choc, ne suit plus le rythme. J'ai même cru un instant que mon coeur allait bondir hors de
G.
P.S. : Et puis Bombasse n'a pas tant d'abdo que ça (j'avoue, c'est trop la honte, j'ai guetté le moment où il s'étirait pour mater son ventre vigoureux!).
10 commentaires:
J'ai connu un cousin de Bombasse il y a des années, le copain d'une copine de fac. Il était beau comme un dieu grec. Je me suis dit que quand on est beau comme ça, on est forcément con. Manque de pot: pas du tout. Je me suis donc empressé de le haïr et je n'ai pas réussi parce qu'en plus il était adorable. Je l'ai croisé quelques années plus tard dans la rue et là j'ai vu qu'il avait assez mal résisté au temps ( moi aussi, du reste, mais comme je suis parti de beaucoup, beaucoup moins haut, j'ai la candeur de croire que ça se voit moins). Ce jour-là, j'ai (très vaguement honte d'avoir) éprouvé une certaine satisfaction.
Le temps transforme les beaux garçons en hommes avec de beaux restes, les jeunes gens charmants en messieurs charmeurs, les timorées suaves en poètes extatiques...
Et le romantisme, de l'angoissante attente, fait évoluer ce beau monde dans un empire cru, dans une somme d'émotions rêvées, dans l'absolue perception du réel.
Quel délice de se trouver irrésistible ^^
*timorés, pardon.
(et désolé pour ce commentaire abscons.)
N'ai-je pas dit à G. que, comme un grand cru, il s'embellissait avec l'âge ???
Vincent=> la revanche des gens ordinaires. C'est humain, que veux-tu! J'ai longtemps fait plus jeune que mon âge (à 22 ans, on me demandait encore ma carte pour entrer dans des lieux de perdition quand on laisser entrer sans difficulté des jeunots même pas majeurs). Hélas, j'ai bien peur que ce privilège, qui n'en était pas un à l'époque, ne dure pas.
Willywalt=> Le commentaire abscons est assorti au billet, je trouve. Sinon, je ne pensais pas que tu étais du genre à parler des hommes au féminin ;-). Si je suis ta loi, je peux espérer finir en monsieur charmeur; ça ne finit pas en vieux pervers, cette histoire?
Le gaucher de droite=> Vous le dîtes, mais vous espériez quelque contrepartie! Je suis des grands crus dont on fait des gels douche (l'interessé appréciera)
et zut, au moment ou je cliquai, je perçus une horrible erreur : "on laissait entrer". Vous aurez corrigé de vous-mêmes, doctes lecteurs.
A mon tour de polluer le coin avec un commentaire qui n'a rien à voir. Normal que le Pitou qui cherchait à me joindre n'ait pas pu, je m'étais trompé dans l'adresse, je suis décidément très blonde. C'est rectifié, voir sur mon site.
Il est bel et bien bon, votre message, mes maîtres ! Mais je suis un peu trop fatigué pour en dire plus, là...
(C'est toujours comme ça, le lendemain d'une fin de bouquin : comme un vague écoeurement... un désenchantement léger mais persistant... À demain...)
J'aurais des choses à dire mais là tout de suite, pas le coeur.
Belle réflexion en tout cas
Je me verrais plutôt en monsieur charmant et suave, poète extatique, mais j'avoue que je n'avais pas autorisé jusqu'à présent le cumul.
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