23 juillet, 2006

La race honnie

Pas toujours facile d’être tolérant. Nous sommes tous des persécuteurs en puissance : xénophobes, homophobes, misogynes, fleurons de la lutte des classes, élitistes, populistes, antisémites (au sens large, Juifs et Arabes remontant à la même souche sémitique), misanthropes pour les plus radicaux…

Ma haine à moi se cristallise sur la détestable catégorie des profs à cadeaux. Je nourris à l’encontre de ces happy few une jalousie tenace, féroce, à crever. Parce qu’on a beau affecter l’indifférence, affirmer haut et fort avec une pointe de reproche dans les yeux qu’on n’est pas là pour se faire aimer, on en meurt tous d’envie – certains sacrifieraient même leur caravane ou tous leurs points CASDEN !. On a tous le fantasme de marquer nos élèves à vie (bien qu’en début de carrière, je sais que j’y suis déjà parvenu : certains me maudiront encore dans trente ans), d’être à l’origine de puissantes vocations, de bouleversements fabuleux. On n’a jamais envie d’être celui dont on oubliera le nom ; déjà, on n’oubliera pas ma tronche, grâce à mon armée de sosies.

Alors quand certains collègues reviennent de cours avec une boîte de chocolats (bon, ça, j’ai jamais vu) ou se voient remettre une photo encadrée ou une lampe marocaine lors du spectacle de fin d’année, tandis qu’on ne vous a jamais offert que (liste exhaustive et véridique) : un singe en plastique choco pop’s (message à peine voilé), une rognure de papier d’Arménie (je pue ?), un dessin de squelette ( !) et un petit pimouss’, on a tôt fait d’être pris d’une folie meurtrière.

Heureusement, il y a une justice immanente : le cadeau d’élève est le plus souvent une abomination. Demandez à L.N. (ouais, y en a même dans mon cercle d’amis des rénégats comme ça !) qui, tout en détestant obstinément les animaux, est contrainte de collectionner les photos de chiots, de dauphins et de bébés phoques ou des bracelets crocos. Sachez que l’on fait aussi des choses hideuses en porcelaine à destination exclusive, semble-t-il, du corps enseignant (hein Grégory ! Traître).

Mais bon, juste une fois, quoi, j’aimerais que ça soit mon tour !

G.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bah faut changer de degré. Moi, j'ai eu des chocolats, un tableau pense-bête (parce qu'il paraît que j'oublie trop de choses), un jeu de boules et même une chaise de camping pliante. Pour le jeu de pétanque, la maman s'est excusée en disant que c'était pas facile de trouver un cadeau pour un homme. Je lui ai répondu que c'était une très bonne idée (j'aime pas mon voisin du dessous...)