28 septembre, 2006

Full time job

Les non-profs me voueront peut-être aux gémonies...
Mais assurer sept heures de cours dans une journée, c'est comme l'essorage à 1200 t/minutes pour le cachemire: on a l'air d'une serpillière en ressortant.
Evidemment, ça cause des dommages collatéraux:
- Bon, ce n'est pas compliqué, si vous savez conjuguer "prendre", vous savez tous les conjuguer: vendre, tendre, rendre, pendre... voyons voir, reprenons dans l'ordre alphabétique pour voir si je n'en ai pas oublié: bendre n'existe pas...
Ricanements dans la salle.
- De toute façon, ça ne marche pas : je bends, tu bends, il bend, vous bende...
Ma voix se perd dans la confusion.
- Bref, débrouillez-vous, mais apprenez vos conjugaisons!
Free style forever
V.

NB: G. me fait remarquer que "prendre" n'a rien de commun avec la liste dressée... "vous prendez du temps pour préparer vos cours?"... C'est fini l'inscription pour l'agreg de grammaire???

Corvée de Quiche

Par un abominable concours de circonstances, je me suis retrouvé promu gardien de 6èmes. CE boulot épanouissant consiste à les regarder répondre aux questions de leur manuel d'histoire. On pourrait penser que répondre à 6 questions du genre "En quelle année les Romains ont-ils pillé le temple de Salomon?" alors que 70 après J.C. est écrit en police 22 sur tous les documents de la double page, ça ne demande pas 50 minutes de dur labeur. Et pourtant...
Au bout d'une demi-heure, une gnommette lève la main.

"M'sieur, j'comprins pô la question 2!
- Dans quelle salle du temple est située l'Arche d'Alliance? Arf! Ouais, effectivement c'est pas évident à comprendre...Dur dur, cocotte, va falloir que tu t'accroches. Bon... Tu sais ce que c'est une salle?
- Uuuuuuuuuui
- Bon. Tu sais ce que ça veut dire "dans"?
- Uuuuuuuuuui
- Bien. Bah félicitations Einstein ! Tu comprends la question, alors!
- Naaaaaaaaaaaaaaan!
- L'Arche d'Alliance, un temple, ça te rappelle vaguement un cours, non?
- Uuuuuuuuuuuuuuuui !
- Bah alors, tu comprends la question!
- Uuuuuui, mais je sais pô quoi répondre...
- Bon. Cherche!"

Cela n'a l'air de rien, mais une heure avec des 6èmes, ça donne des envies de meurtre... Mais comment fait mon homme!

G.

P.S. : Et le pompon, c'est quand l'un de ces amuse-gueule est venu à la fin de l'heure me demander si je connaissais pas X, Y et Geo... La poisse! J'ai fait la nouba avec son frangin !

Manuel de survie

Je suis totalement à l'ouest : j'ai oublié de préparer une évaluation pour mes 5èmes, un élève m'a félicité pour "ma coiffure (un bien grand mot pour ce flou capillaire qui me donne l'allure d'un buisson sur pattes) qui assure", mais je suis un DIEU du mot fléché. C'est décidé, F. et moi, nous allons passer pro. Et hop! Voilà une reconversion rondement menée!

G.

Des vessies et des pommes

A Patelinvillers, les toilettes sont fermées aux intercours. Scandaleux, direz-vous? Oui, un peu. Mais ça évite qu'elles ne se changent en piscine et que des convois d'élèves arrivent avec un quart d'heure de retard en classe.

Les 4èmes ont quand même tenté le coup, sans doute beaucoup trop pour être tous honnêtes (de toute façon, ils ont fini par me saouler dans la suite du cours et grand mal leur en a pris : ça doit pleurer dans les chaumières à l'heure où je vous écris); mais dans le lot, gageons que A. qui a passé une heure à se trémousser sur sa chaise, était sincère. Grandegueule, un gamin du genre sournois qui est le premier à crier à l'injustice (et qui a la mauvaise foi de tenir dix minutes sur le mode : "parce que ça exprime pô la cause, la preuve on dit pas à cause que" - si vous avez suivi son raisonnement, c'est que vous êtes un grand malade) m'a prié d'aller voir sur le champ la principale pour lui faire part de leurs doléances. Ben voyons...

"Je ne suis pas l'ambassadeurs de vos vessies"

G.

Almost killing word

A ceux qui prennent leur chaise pour un rocking-chair:
"Vous ferez de la balançoire au jardin d'enfant!"
V.

27 septembre, 2006

Vases communiquants

Hier, dès la sonnerie annonçant la fin de la récréation, je quitte le premier la salle des profs pour aller chercher mes élèves, élèves qui ont l’air bien surpris de me voir. « Euh… on a espagnol ! » Hein ? Quoi ? Qu’est-ce ? Zut… Au temps pour moi, j’ai une heure de creux. « Faut arrêter l’alccol, m’sieur ! ».

Ce matin, une collègue pensant avoir une demi-heure d’avance arrive comme une fleur avec une demi-heure de retard.
« - Vous avez eu un problème ?
- Pourquoi ? On vous a dit que j’avais un problème ? »
Au temps pour elle… Quand l’un est trop pressé que ça finisse, l’autre ne se hâte pas de commencer. L’équilibre est sauf.

G.

25 septembre, 2006

Killing words

"Grégory taisez-vous, vous gaspillez l'oxygène."
V.

L'effet Staline

Voici ma troisième rentrée au collège ruralo-quartmondesque de B.
J'ai indéniablement progressé, effaçant d'année en année mes errements en matière de discipline.
Une question me brûle les lèvres, toutefois.
Ne deviendrais-je pas insidieusement un petit chef hargneux, corrigeant tout ce qui dépasse à coup de badine (verbale, disparition du chatiment corporel oblige...)?
Cette année me voit en effet redresser les torts à tour de bras: ainsi, parce qu'ils avaient mal rangé les livres du cdi j'ai fait faire à toute une classe de 4e des exercices sur l'ordre alphabétique... conçus pour des sixièmes. Je reprends inlassablement les "ouais" par un "on dit oui monsieur!". Dans une salle de classe munie d'une horloge, je laisse mes élèves debout jusqu'à entendre le tic-tac... Mon empire ne s'arrête pas là: je vérifie la rectitude des rangées dans la cour, veille au calme dans les couloirs et les escaliers et ai même fait ramasser à un élève sa volontaire éructation salivaire...
Alors, suis-je la réincarnation de Pol Pot?
V.
PS: prochainement dans ce blog, punitions sadiques et réparties cinglantes!

24 septembre, 2006

L'Aval

Vous le savez, la Picardie et nous, c'est le désamour (voir , et ). Mon homme part donc aux renseignements sur le net pour obtenir des informations sur des coins et des villes qui, a priori, nous intéresseraient. C'est ainsi qu'il a filé sur le site de Laval qui l'a enthousiasmé. Site un peu étrange toutefois puisqu'il y est régulièrement question du Québec...
Euh... Oups... Cette manie de nos cousins d'Amérique de nommer leurs villes comme les nôtres! Il n'est peut-être pas question d'aller s'installer outre-atlantique non plus, malgré toute l'affection qu'on peut avoir pour Alcib! Le site du Laval français est, comment dire, moins attractif!

Tant que je parle de la Belle Province, n'hésitez pas à découvrir l'album de Pierre Lapointe sorti tout récemment : il est sublime (attention au moral, toutefois)!

G.

23 septembre, 2006

Propos de milliardaire

"Tu ne devineras jamais où je suis! En Normandie! Dans une voiture!"

Chacun cherche son chat

Ce film dont je n’ai qu’un vague souvenir – vague mais plaisant – a été diffusé il y a relativement peu de temps sur M6, à une heure indue (rassurez-vous, pas en japonais). Je me souviens m’être fait la réflexion que c’était bien la peine de renoncer à « Mort sur la Lune », « La Guerre du Fer » ou autre joyeusetés de la grande époque fauchée de M6, si c’était pour programmer des films d’auteurs à 1h du matin. Evidemment, je ne pouvais pas me douter que la petite chaîne qui monte se piquait alors de jouer à Mme Irma.

Mardi soir, Stuart a profité de notre manque de vigilance pour s’offrir une virée champêtre. Jusqu’alors, il avait surtout limité son terrain d’exploration aux terrasses et balcons voisins. A deux ou trois reprises, il avait bien fait le grand saut pour courir le guilledoux ou tracer un lapin plus gras que lui, mais nous l’avions toujours retrouvé dans l’heure. Je sais ce que vous allez me dire, d’autres me l’ont dit : un chat revient toujours (mouais, sauf quand il ne revient pas). Le seul souci, c’est que cet étourdi n’a jamais réussi à mémoriser le digicode, qu’il sort toujours sans ses clés et qu’il s’est montré tout bonnement incapable de se servir du visiophone (puisque on vous serine qu’on occupe un appartement de grand standing !). Cela dit, comme c’est un bavard infatigable, un jour qu’il s’était fait la malle à notre insu, il a miaulé jusqu’à ce qu’on comprenne qu’il était coincé au pied de l’immeuble. Mais ça, c’était en plein jour.

Or, avec un chat, l’heure de tous les risques, c’est à la nuit tombée. Son instinct de fauve le saisit et le souvenir désagréable de l’épisode précédent se dissipe. Quand on lui ouvre la porte pour le faire rentrer, il s’en écarte alors vivement en voisant un miaulement coquin signifiant « je t’ai bien eu ! ». On ferme la porte en se disant que le chat facétieux finira bien par supplier qu’on le fasse entrer quand il aura faim. Et il ne revient pas. On se couche alors très tard, après plusieurs battues dans les environs, et on dort très mal, la porte-fenêtre ouverte, à l’affût du moindre miaulement. À 4h, on se réveille, pris d’une vive angoisse, on repart en vadrouille pour rentrer bredouille. On part au boulot l’angoisse au cœur, avec l’espoir de plus en plus ténu de le retrouver à son retour.

Le mercredi après-midi est interminable ; plus les heures passent, plus l’idée qu’il revienne vous semble incongrue. On est ressorti le chercher, bien sûr, mais bientôt, la certitude de faire chou blanc vous étreint et vous n’avez même plus le courage de risquer un coup d’œil par la fenêtre. C’est alors que surviennent ces maudites hallucinations auditives : on se rue sur la terrasse, en vain. On hait de plus en plus ces gamines aryennes qui émettent ces quasi-miaulements… On les maudit, on rentre, on pleure. On se traîne dans l’appartement, on va échouer sur le lit ruminer ses terreurs. On s’imagine le moment où il va enfin surgir de nulle part et, tout aussitôt, on s’en veut d’être si imprudemment optimiste. On le sent bien, il est peut-être plus sage de se préparer au pire, à l’idée d’un vide privé à jamais de certitudes. Alors la machine à fantasmes prend le pli contraire et vous donne à voir les pires horreurs.

On s’arrache à nos draps devenus insupportables. On tente de se distraire, mais on manque de fondre en larmes en donnant du foin virtuel à son mouton numérique. On sent bien qu’on ne pourra pas travailler ; il nous semble même impossible, à vrai dire, qu’on trouve le courage de se lever le lendemain. On ravale un sanglot en passant à proximité de la litière ou du bol de croquettes à moitié vide. Et puis, sur les coups de 16 heures, c’est une angoisse insoutenable qui vous étrangle et, sous les yeux de l’être aimé qui lutte héroïquement de son côté contre son chagrin en s’activant comme il peut, un flot de larmes intarissables s’écoule sur vos joues: la pensée que votre chat, adoré et maudit, souffre quelque part sans que vous en sachiez rien paralyse votre raison. Vous ânonnez ad libitum les mêmes mots ( « je peux plus supporter je peux plus supporter j’y arriverai pas ») en grimaçant atrocement et en espérant que la fatigue finisse par l’emporter. On imprime quelques affichettes, alors même que le matin vous avez dit que ça voudrait dire qu’il est mort – on n’a jamais cru à l’efficacité des affichettes. On n’a rien de mieux à faire, alors... Il a fallu trouver une photo du chat, ç’a été douloureux. V. a parsemé le bois et les rues alentours de ces avis de recherche.

Le reste de la soirée, on est comme inerte. Exsangue. Votre homme, parce qu’il en a encore la force ou parce qu’il a besoin de s’éloigner de votre souffrance qui le renvoie si durement à la sienne, tente une dernière expédition. Vous vous demandez comment il le peut encore : au début, vous aviez l’espoir de retrouver le chat; il ne vous reste que la terreur sûre et certaine de revenir sans rien. Il est l’heure de passer quelques coups de fil. Pas la force d’appeler vos parents. Mais, prévenus par V. qui les a joints depuis son portable, c’est eux qui vous appellent. On peut à peine articuler deux mots avant de rouvrir les vannes, minablement. « C’est ça les chats, on ne peut rien y faire. On ne peut pas les contraindre ». La sagesse même, mais on a mal quand même. Saby Banana, elle, vous raconte sa première séance d’escrime, et ça vous fait du bien ces petits choses de la vie. On esquisse même un sourire, parfois… Et comme Saby a perdu Fripounet et qu’elle est la marraine de Stu, on sait qu’elle comprend. Elle dit qu’il faut reprendre un chat tout de suite ; elle, ça l’a aidé. On ne peut pas s’empêcher de se figurer la tête de Stuart en constatant à son retour qu’il a une nouvelle petite sœur, et puis on n’ose plus trop y croire.

24 heures qu’il a disparu. On se couche. On se dit que jamais plus il ne viendra se caler tout contre vos jambes, dans le lit. On pense que s’habituer à cette absence est inévitable. La supportera-t-on vraiment ? On s’endort. Au matin, votre homme s’extirpe péniblement du lit. Il traîne la patte péniblement en direction de la cuisine. Il hurle, soudain, il vous appelle. Le chat ! le chat est là, dans ses bras !

Par quel prodige il a bien pu se retrouver sur notre terrasse, nous ne pensions ne jamais le savoir. Mais notre voisin du haut a tout vu en promenant Bête du Gévaudan à 4 heures du matin. Ce vaurien, peut-être encouragé en cela par la proximité du monstre, a effectué un bond de plus de deux mètres depuis une lucarne du rez-de-chaussée du bâtiment en L. Ce chat est doté de super-pouvoirs, c’est impensable !

On se sent enfin vaguement honteux de s’être mis dans des états pareils. On se dit que ce n’est qu’un chat, que la douleur de perdre un enfant, elle, doit être insupportable. On se promet de n’en avoir jamais (c’est bien parti pour). Mais on sait, au fond, qu’on n’aurait pas pu réagir autrement…

G.

22 septembre, 2006

Teasing

Ici, bientôt, vous saurez comment j'ai failli en finir avec le blog et la raison de l'éprouvant silence de ces derniers jours. Mais là, ça va mieux ;)

G

19 septembre, 2006

La C.H. (crise de honte)

Se rentre compte en classe qu'on a une tache suspecte (très, même à mes yeux) près de la braguette en suivant le regard ébahi d'une élève... Très embarrassant!

G.

18 septembre, 2006

Laisse les gondoles…

Si vous avez suivi les articles précédents (enfin, surtout celui-ci), vous savez que depuis quelques semaines, nous vivons dans le Rainbow Warrior (le Mayflower, à la rigueur ; l’idée, c’est que ça tangue). Notre beau parquet se soulève et craque à chacun de nos pas – le bureau sera le premier à sombrer (trop dommage pour le boulot).

L’artisan a fini par affréter une camionnette, avec le fournisseur dans la soute et le tout joli commercial à la barre – en fait, on a noyé exprès notre parquet sous des litres de flotte pour le seul plaisir de le revoir. Tout le monde a l’air gêné d’être là, c’est la méga-fête ! Il semble que ça ne soit ni la qualité du bois, ni le talent des poseurs qui soit en cause (c’est vrai qu’ils bossent bien). Le problème, c’est toujours cette région immonde et vaseuse l’humidité. Bon, l’humidité, on connaît : on a vécu trois ans dans un appartement où le visage de la Vierge se dessinait sur le mur à la moindre goutte de pluie. Il faut croire qu’Amiens, c’est Venise en moche et avec Robien pour doge youki . Dès qu’on se glissait dans les draps, on avait la sensation d’être douché pour le lendemain, c’était pratique. Et puis là-bas aussi, le sol se soulevait, sauf que c’était des dalles d’une matière inidentifiable qui se cassaient comme des Petits Lu (et qui absorbait toute la crasse, c’était le bon temps…)

Alors on se disait qu’en achetant un logement neuf, on trouverait forcément mieux. Vous savez, et patati et patata, avec les nouvelles normes d’isolation, on a un environnement plus sain (à l’exception toujours notable des solvants et autres composés volatiles, mais on parle humidité, là, et pas lutte contre le cancer). Eh bien, tenez-vous bien : il semblerait que le fort taux d’humidité de l’appart s’explique précisément par son excellente isolation. On a écouté - assez perplexes, je dois le dire - le fournisseur nous faire l’éloge de notre isolation, sur fond de craquements de parquet. On était ravis…
« Vous voulez dire que dans tous les logements neufs, le parquet gondole ?
_ Euh ben, ç’t-à-dire… »
Et avec une parfaite maîtrise de la vulgarisation scientifique, il nous explique que ça dépend de tout un tas de trucs. Ne m’en demandez pas plus, tout ce que je sais, c’est que tout le monde n’a pas notre poisse.

« C’est ça l’avantage des matériaux vivants, hein ! ». Effectivement, je n’aurais su mieux dire ! Mais que faire, au juste, pour espérer améliorer la situation ? Recouper trop tôt le parquet serait une erreur (je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens qui doivent maigrir avant de se faire liposucer ; mais je ne me vois pas mettre notre parquet au pain sec, et encore moins à l’eau !). Il faut trouver un moyen d’assécher notre bois. Et c’est là qu’intervient le chauffage électrique, alors qu’il fait 26° dehors. On regretterait presque d’avoir fait changer les grille-pains fournis à la livraison de l’appart pour des radiateurs à inertie de qualité suédoise. Cela dit, le spécialiste du bois nous garantit que ça assèche tout autant – et à vrai dire, ça ne change pas grand’chose : en achetant un appart muni de chauffage électrique, je pense qu’on a fait de toute façon l’affaire de l’année ; vivement que les prix augmentent, surtout s’il faut chauffer pendant la canicule ! Sinon, il y a aussi les absorbeurs d’eau au carbonate de calcium, un petit produit bien inoffensif (lavez-vous les mains après chaque manipulation). Et enfin, il faut éviter de balancer des seaux d’eau sur le bois, tant pis pour les super hydro-batailles qu’on avait prévues pour l’été prochain. Cela dit, il semble que notre parquet pourra un jour recouvrer son état initial, et c’est en soi une bonne nouvelle.

G

16 septembre, 2006

Techno-connasse

Ce n’est déjà pas bien marrant, quand on a bossé tous les jours de la semaine, d’être réquisitionné le samedi matin au bahut dans le cadre des journées de pré-rentrée (qui ont toujours lieu, en toute logique, après la rentrée, quelquefois même au mois de juin…). Mais la corvée de devoir se présenter à une assemblée de parents n’est rien, vraiment rien, en comparaison du supplice qu’est la collègue-connasse.

Vraiment, je suis un garçon charmant, un collègue idéal et quand je pète un plomb en salle des profs, c’est sur le mode fou-rire. Avec ceux qui me gonflent un peu, j’adopte une distance polie. Quant à ceux qui me gonflent énormément… Eh bien jusqu’à présent, croyez-le ou non, cela ne m’était jamais arrivé. C’était avant elle, la techno-connasse. Elle se vend aux parents d’élèves comme un baril de lessive, mais de lessive high-tech. J’y reviens…

Tout commence dans une ambiance bonne enfant en salle des profs. Les parents arrivent au compte goutte et discutent encore le bout de gras dans la cour. Dans la salle des profs, qui autour de la machine à café, qui la clope au bec, qui affalé sur un fauteuil (moi, bien sûr), qui devant la photocopieuse (même le samedi matin, il y a toujours un fanatique devant la photocopieuse), chacun révise ses fiches ou, moins prévoyant, gribouille une bafouille au dos d’un billet d’absence. Tout le monde râle, pour la forme – sauf Le Cas qui discute cordialement avec son casier (ne la regardez JAMAIS, sinon elle vous tient la jambe 20 minutes). Après tout, ça me permet de faire connaissance avec mon charmant petit collègue d’anglais, il y a sort plus pénible. Petit à petit, la masse se disperse en direction des salles où les parents sont réunis par classe. Moi j’ai un peu de temps devant moi ; le collègue d’anglais aussi, c’est une affaire qui roule. D’ailleurs, on a une classe en commun, et c’est par elle que nous décidons de commencer.
Entrée dans la salle. Les parents nous dévisagent un moment (trop de profs sexys dans ce bahut, hein ?). Le prof principal nous cède immédiatement la parole. Les parents semblent plus concernés que leurs rejetons, ça se passe impeccablement. J’étais même à l’aise, tiens !
Dix minutes après, je sors de la classe, en me disant que cette matinée de corvée va être vite pliée, finalement. En plus, j’ai mon petit laïus bien en tête : plus qu’une classe, ça va aller comme sur des roulettes.

Ça, c’était sans compter sur elle, la garce cybernétique. Je débarque dans la salle et Schrek (le prof principal de la classe) m’accueille avec une vague lueur de panique dans l’œil. Il me prend à part : « Euh… si tu as d’autres classes à voir, tu peux y aller : Ghislaine en a encore pour vingt bonnes minutes, et quand elle est lancée… ». Sauf que je n’ai pas d’autre classe à voir, et que Ghislaine en a en fait pour une heure et demie de palabre à n’en plus finir. Il faut dire qu’elle a tout un tas de trucs à raconter, en particulier sur elle-même. Le plus beau, c’est qu’elle n’a que la moitié de la classe. Mais c’est pas grave, parce que tous les parents non concernés vont pouvoir juger à quel point elle vaut mieux que sa collègue qui a en charge l’autre moitié. Vous comprenez, elle est tellement branchée nouvelles technologies et pédagogie de projets que l’autre pauvre conne ne peut pas s’aligner. « C’est triste, mais c’est comme ça ». Elle ponctue son discours fleuve (plus long que du Castro, c’est possible) par des « Je suis vraiment un électron libre !», des « vous voyez toute l’énergie que je mets là-dedans » ou encore des « je ne suis quand même pas la seule en France à faire ça »; ; j’attends à tout moment un « regardez comme je suis géniale » qui ne viendra jamais, finalement. Mais on a bien compris le message.

Alors évidemment, on finit par entendre dans la salle des « mais comment qu’c’est qu’on fait qu’nos enfants y z’y ont pô droit ? ». Schrek rame comme un malade pour rassurer tout le monde et essayer d’accélérer les choses. Mais la techno-connasse dont le video-projecteur s’assoupit régulièrement (on ne peut pas faire son propre éloge et faire avancer sa ridicule présentation powerpoint), a ses propres solutions à proposer. Au passage, elle raconte tous les contacts qu’elle a à l’étranger pour son projet, parle toute les dix minutes des Roumains qui sont trèèèèèèèès gentils, mais tellement pauvres que l’échange des ressources n’aura pas grand intérêt (mais elle a pris grand plaisir à parler avec Vazil - oui, il s'appelle Vazil - pendant une heure, grâce à la téléphonie par internet ; même si elle n’a rien compris, c’est pas cher, alors on s’en fout). Grâce à techno-connasse, on apprend que la dame du troisième rang a de la famille à Bucarest, une autre en Allemagne et que tout ce beau monde parle français. « C’est tellement formidable de pouvoir s’appuyer sur des gens comme vous ! »

Ce qui est formidable avec ce genre de sangsue qui fait semblant de ne pas remarquer que la file des profs qui attendent de parler ne cesse de croître, c’est que, même son tour passé, elle peut remettre le couvert. Shreck a enfin réussi à la faire taire et à passer la parole au collègue de physique (il est là depuis le début, le pauvre !). Il parle cinq minutes. Je m’attends à ce que ce soit mon tour, mais la techno-connasse est déjà sur le coup : « Et qu’est-ce qu’on pourrait faire pour travailler en interdisciplinarité ? ». Après mon intervention, elle arrive encore à caser ses conseils de maman et le parcours sans faute de sa progéniture. Je suis parti avant la fin et je parie que quelques parents auraient payé pour être à ma place !

G.

Broyeur de noir

Lu à l’entrée de Coucouville sur un panneau blanc, de travers parce que c’est mode :
« le café, c’est extra ! »

Ouais, c’est vrai que c’est extra, le café. Il paraît que ça donne la pêche quand on a peu dormi. Moi, en ce moment, je m’offre des nuits de 11 heures et je n’ai jamais été aussi fatigué. Un petit café (qu’a fait quoi ?), ça changerait quelque chose ?
Ouais, le café, c’est extra. Surtout quand c’est moi qui prépare l’expresso pour mon ange pêcheur de soleils, retenu par un mégachomp’ déchaîné qu’il faut plonger dans une source chaude (c’est du boulot d’être Super Mario !). Ça sera encore mieux quand il aura enfin son vrai robot café (autre que moi) Nespresseria X truc bidule de Krupps qui fait TOUT, depuis le broyage du grain jusqu’à l’expulsion du moût de café.
C’est à ce point de ma rêverie que mon regard se pose sur la suite du panneau : « inscription à la maison paroissiale » Ah ? Le curé de Coucouville distribue des filtres gratis ? Chouette alors ! Un doute m’assaille soudain (chouette, un curé ?) ; bien sûr, il fallait lire : « le caté, c’est extra ». Yeûrkk !

13 septembre, 2006

Axiome couronné

Ma mère spirituelle et collègue:
"Clémentine, ne met pas de paille sur le canapé, bitoniau est venue ce matin."
"bitoniau", c'est la femme de ménage.
Méprisante? Non, étourdie!

V.

Si les dieux le veulent…

Puisse ce blog, s’il existe toujours, se nommer dans un an : Quai de Sarthe, Quai de Mayenne, Quai de Sélune. Quai de Vilaine, même. Mais plus Quai de Somme !
Amiénie, la rupture est consommée : tu empestes, tu es laide, vulgaire, et d’une bêtise crasse. Est-ce qu’il nous aura fallu autant de temps pour nous en apercevoir ?

G.

Le Village des Damnés

Moins d’un an après notre installation, ce chez nous que nous avons si ardemment désiré, si impatiemment attendu pendant d’incompréhensibles travaux de dépollution (on construit, on teste, on rase, on recommence) commence à prendre mauvaise tournure. Qu’elle me semble lointaine la satisfaction première, lointaines aussi les premières déconvenues, encore légères. Aujourd’hui, tout a laissé place à une immense répugnance. Moi qui suis un garçon pacifique et arrangeant, je me sens capable d’agresser physiquement tout employé de cette célèbre entreprise du bâtiment (et des médias) qui sous-traite leurs travaux à des boîtes qui elles-mêmes font appel à des intérimaires qui, cochons acharnés, connaissent la maçonnerie à peu près aussi bien que moi, qui suis manuel comme un manchot empereur.Tout à l’heure, le téléphone a sonné et, grâce à la technologie moderne, j’ai vu « Bouygues » s’afficher sur mon écran (oups, je l’ai dit). J’ai préféré filtrer l’appel, sous peine de me laisser emporter par la vague de rage que je sens poindre à chaque instant…

Je préfère d’ailleurs modifier la situation d’énonciation (truc de prof) de cet article pour endiguer tout remugle de haine. Soit Dame du haut, heureuse propriétaire de la bête du Gévaudan mais simple locataire d’un balcon aussi encombré que le souk de Marrakech, d’où tombent hebdomadairement objets contondants (croquettes de 1kg, planches de bois, ballons fluos…), bibelots en verre et seaux de bave au beau milieu de notre terrasse ; soit Schtroumpf, son fils de quatre ans.

Dame du Haut : « Schtroumpf, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer : on va bientôt emménager dans une de ces ravissantes masures maisonnettes qui sont en train d’être torchées par X au nom de Y pour le compte de Z sur la commande de Bouy… construites en face. C’est chouette, hein ! Tu pourras te faire arracher la tête par la bête du Gévaudan dans un carré de pelouse de 8m2 jouer avec le chien dans le jardin, avoir un clapier fissuré une chambre rien que pour toi ! En plus, tu pourras jouer avec toute cette marmaille de créatures angoissantes et blondes qu’on croirait sorties d’un film de Wolf Rilla (The Village of the Damned, 1960) ou de Cronenberg, qui tournent en vélo autour du pâté de maisons des heures durant plein d’enfants hideux qui font la roue entre les voitures et se roulent dans la fange du chantier. Tu pourras aller explorer avec eux les abords empuantis boisés de la résidence, démonter le lit qui est en train de pourrir au début de la rue ou tripoter les restes des poubelles brûlées, vu que Bouygues (oups je l’ai dit) se défausse de ses responsabilités et laisse se détériorer ce qu’il n’a même pas fini de (faire faire faire) bâtir. Vivement qu’on déménage, hein ? »


G, vaguement misanthrope cet après-midi.

10 septembre, 2006

Désolé

V: _ Tu voudras quoi, comme tasse pour ton petit-déjeuner?
G: _ La Jérusalem délivrée

Jalousies

Si je mets ce mot au pluriel, c’est que je n’ai jamais compris qu’il recouvre des réalités si différentes, que l’on puisse être jaloux sans être jaloux. Si l’idée première doit définir le comportement de celui/celle qui veille jalousement sur qui/ce qu’il aime, ce terme désigne tout aussi bien l’envie (un peu comme, dans les 7 péchés capitaux, on confond envie et gourmandise). Petit Robert confirme et m’apprend au passage que jalousie et zèle ont la même étymologie.
Ex : Il est tellement jaloux qu’il interroge sa femme dès qu’elle rentre à la maison avec dix minutes de retard ≠ Il est jaloux du sourire niaiseux de Mister France.

Je ne suis pas jaloux si l’on s’en tient au premier de ces sens, ce qui étonne beaucoup les gens. D’une part, je ne crois pas que passer les 3/4 du temps pour une harpye renforce l’amour ; d’autre part, j’ai confiance en mon homme et en l’amour qu’il me porte. Ne vous y trompez pas, je suis terrorisé à l’idée de le perdre. Mais je doute que ce soit un autre garçon qui me l’enlève (et encore moins une fille).
Naïveté ? Je ne crois pas. Ce n’est pas une certitude acquise au bout de 7 ans de vie commune : il en a toujours été ainsi. Je ne dis pas qu’il est absolument impossible que V. ait un coup de cœur pour un autre. Serait-ce autre chose qu’une relation platonique, si ce n’est qu’une passade, je ne crierais pas au scandale. Et dans le cas beaucoup plus improbable où il tomberait violemment amoureux, que pourrais-je bien y faire ? Casser des assiettes ? Je ne vois pas de quel secours serait la jalousie. Mais bien sûr, un jaloux ne pourrait raisonner ainsi…
Par jeu, les rares fois où V. mentionne son ex, j’affecte d’ignorer que je ne suis pas son tout premier amour. Hein, qui ça ? J’vois pas… Ce n’est rien qu’un gimmick.


Le jaloux travaille contre son amour. J’ai un ami que je ne peux plus voir parce que son copain s’est mis en tête que j’étais un genre de prédateur. L’autre jour, j’ai risqué un scandaleux « bonjour » sur MSN messenger. Trente secondes après, le dit copain me saute dessus à la volée : « N’embête pas mon copain ! », puis, avec un décalage assez significatif, « MDR ». Seulement, même sous couvert de lol ou de mdr, je trouve cela extrêmement angoissant.
« Il a très peur de me perdre », répond alors son copain, mi-agacé, mi-attendri (le restera-t-il longtemps ?). Si je devais rendre des comptes à chaque instant, je deviendrais quant à moi totalement barjo. Bizarrement, il semblerait que ce garçon ne fasse ce numéro qu’avec moi (c’est sans doute parce que je suis irrésistible – ou alors qu’on m’a taillé une drôle de réputation en Amiénie ;-))

Quant à l’autre forme de jalousie, c’est-à-dire l’envie, j’en suis la victime quotidienne (oui, je suis jaloux du sourire niaiseux de Mister France, et alors ?). Je n’ai toujours pas admis le principe de réalité : on ne peut pas être polymorphe. Mais c’est un autre débat !

G.

09 septembre, 2006

Relations commerciales 3

A la maison, j’ai un homme qui est très joueur : il est très fort pour me pêcher des soleils à Super Mario Sunshine par exemple (dommage qu’il n’ait plus beaucoup de temps pour exercer son instinct de chasseur). Mais ses partenaires de jeu préférés, ce sont les télémarketers. Hier, c’est la gentille Elodie qui a appelé pour le compte de Médiamétrie. Alors forcément, dès que mon homme a décroché, la machine à pipeau s’est mise en branle : j’ai vu un sourire s’esquisser sur se lèvres, sa voix devenir doucereuse ; je me suis dit que la pauvre Elodie allait en voir des vertes et des pas mûres.

Autant certaines de ces communications téléphoniques peuvent s’avérer surgonflantes et mériter tous les canulars possibles, autant-là, j’étais vraiment gêné. Aussitôt après que V. ait cordialement accepté de répondre à cette enquête sur une quelconque station de radio, Elodie a voulu savoir où elle nous appelait. Eclat taquin dans l’œil de mon homme : « Beaulieu sur mer , dans le 06» (alors qu'évidemment, on se les gèle en Amiénie). Voilà, au bout de deux mots, Elodie est déjà destabilisée : « Ben euh ? C’est-à-dire que je croyais appeler dans le nord de la France, moi ! Vous n’êtes pas au 03…. ? »
Là, j’aurais été mon homme, je lui aurais demandé pourquoi elle me pose une question dont elle connaît déjà la réponse. Non, en fait, si j’avais été mon homme, j’aurais tout bêtement répondu la vérité… Mais le modèle que j’ai quasiment épousé, lui, n’entend pas faire machine arrière : c’est un transfert d’appel ! Si Elodie habitait dans le Nord de la France, elle serait contente, elle aussi, de pouvoir s’enfuir 3 semaines aux abords de la Méditerranée.

Seulement, Elodie semble très très embarrassée : elle va devoir demander à son responsable si elle peut quand même procéder à son sondage. Apparemment, elle va se renseigner et revient encore plus contrite (et c’est là que j’ai presque ressenti de la peine) : si c’est un transfert d’appel, nous payons aussi la communication. Avec une intonation magnanime, mon homme lui répond que ça n’a aucune importance, qu’il peut bien payer la communication si ça peut l’aider. Grand Seigneur, mon lion puissant et généreux ? Ou refusant de voir se volatiliser si tôt une occasion de s’amuser un peu ? Accordons-lui le bénéfice du doute…

Je n’ai pas entendu la suite de la communication : j’ai supplié V. de couper le haut-parleur parce que, trop con, mon seuil de tolérance de mon surmoi avait été allégrement franchi. Hélas, ce fut un pétard mouillé : Elodie avait déjà suffisamment de réponses correspondant à l’âge et au lieu de résidence de mon aimé. Game Over ! Mais mon homme est un conquérant : Elodie lui a demandé si elle pourrait le rappeler à l’occasion d’un prochain sondage. Même joueur joue encore…

G.

08 septembre, 2006

Si quelqu’un pouvait m’aider !

Avis aux pro de la mode qui, je le sais, ne se lassent pas de parcourir avec fièvre les pages enchantées de ce blog : je suis à la recherche de mon nouveau look, sage et bohême, glamour et chic, élégant sans être mondain (et tant qu’à faire, des fringues qui ne coûtent pas la peau du cu… des coui…contours des yeux). Pour une femme encore, ça doit bien se trouver, mais pour un mec ! C’est catastouffe.com !

Cernons mieux notre affaire : il faut que ça fasse mmmmmm’sexy, mais attention, garçon sérieux ! Jeune mais pas branchouille, en deux mots ab-so-lu-ment di-vin. Un look assorti à ma nouvelle voiture, quoi (quoi ? oui, rouge, si vous voulez…). Ne vous occupez pas de ce qu’il y aura à l’intérieur des vêtements : c’est du pur canon garanti d’origine (bon, ne prévoyez quand même pas trop large pour les pectoraux…) !

Une suggestion ? Mademoiselle, je vous écoute ! Oui, c’est vrai, je pourrais commencer par passer chez le coiffeur… Oui, mais quelle coupe ? Alors, il me faudrait une coupe sage et bohême, glamour et chic… (ad lib.)

G

Sur le pont, moussaillon!

Ça fait une semaine que j’ai le cœur au bord des lèvres : notre salon tangue, notre bureau chavire, notre chambre sombre – et nous n’avons même pas de lit bateau ! Bien qu’il ne soit ni en teck, ni en merbeau, notre parquet joue au paquebot et nous contraint à avoir le pied marin. Il se gondole tandis que nous ramons… Il se soulève (vive la pose flottante !) et craque sous chacun de nos pas : j’ai l’impression de vivre dans un bateau fantôme, le Picard volant. Et à chaque fois que l’un de nous esquisse le projet fou de naviguer jusqu’aux toilettes, il se prépare à franchir le détroit de Magellan.
L’artisan, lui, n’a pas l’air de sortir de son mouillage…
G.

07 septembre, 2006

C'est ça le Chili

S : Ah oui, elle est très rouge, quand même!

06 septembre, 2006

Mais mon dieu qu'elle est belle!


ça y est. C'est fait. Je me fais l'effet d'un sans coeur. Des tas de gens seraient tout bonnement contents, mais moi ça me chagrine. Vous n'imaginez pas quelles catastrophes ponctuent ma vie : j'ai acheté une nouvelle voiture.
Alors oui, ça fait un moment que j'ai rongé mes freins (bah oui, hein, une voiture ça n'en a pas qu'un seul!), que je suis impatient de le conduire, mon nouveau kart.
Mais ça signifie aussi que j'ai dû abandonner ma Queenie. Notre première voiture, celle qui a accompagné nos débuts en Amiénie. Fin d'une ère. J'ai eu la satisfaction de lui offrir un dernier trajet sous le soleil avant de la laisser à une nouvelle naissance. Elle redeviendra, peut-être, la première voiture d'un être de coeur...
J'interromps ici cette petite note nostalgique; mon homme va encore me trouver ridicule avec mon attachement viscéral aux choses. Je n'y peux plus grand'chose : ça me vient de bien loin. Suis-je donc le seul à avoir été marqué à vie par la scène où l'âme des objets s'anime dans le dessin animé L'Oiseau bleu?

G.

04 septembre, 2006

Découverte du mois

Oui, je sais que la dernière découverte date d'il y a moins d'un mois (c'était la jeune Burdigalaise qui est passée aujourd'hui dans les liens permanents), mais on est passé à Septembre - faut bien que ça ait ses petits avantages... En plus, je n'ai plus d'imagination pour mes propres articles. En fait, j'ai des sujets d'articles sous le coude mais :

1) J'ai la flemme

2) Je vois mal comment je pourrais amener un sujet comme "la peau de Zouzouk (réponse bientôt pour les curieux)

3) Mon homme n'est pas content parce que j'ai glandé toute la journée alors qu'il distribuait des mini-emplois du temps à des amuse-gueules; alors n'imaginez pas que je vais pouvoir rester là à deviser peinard avec vous. Allez hop : un torchon, du liquide vaisselle et en avant pour les verres de Biot.

Allez donc plutôt jeter un coup d'oeil à cette Patate pourrite!

02 septembre, 2006

Nature morte

Glamour toujours suite

A ceux qui ont lu l'article précédent, je tiens à préciser que, et non, on ne m'identifie pas forcément à une tapette au premier coup d'oeil. Pour preuve, l'accueil que m'a réservé, l'après-midi de ce même jour de pré-rentrée, un collègue au lycée de Coucouville :

" Ah salut! Encore parmi nous?
_ Euh oui... encore cette année du moins (est-ce que tu pourrais arrêter de hurler, là? c'est vraiment insupportable...)
_ Tu vas être aux anges! Tu interviens dans une classe de 30 jeunes filles! Le rêve hein!"

C'est bon d'être à ce point connu de ses collègues...

G.



Glamour toujours

L’ambiance à Patelinvillers en ce jour de rentrée était au pouêt-pouêt. Allez savoir pourquoi, tout le monde avait l’air d’être heureux de reprendre le boulot. Le souci des petits bahuts, c’est qu’il n’y a pas un fort taux de renouvellement du personnel. Il y avait pourtant quelques opportunités, mais les places sont occupées par des gens que je connaissais déjà. Il y a bien un nouveau gestionnaire et un prof de maths qui assurera 6 heures de cours, mais ce n’est pas spécialement la fête des mirettes…

Et ce détail n’a évidemment pas échappé à notre maître cuistot qui, dès le café, a commencé à jouer les langues de vipères (j’adooore). Bon, j’ai moins adoré quand il m’a fait remarquer que j’avais grossi. J’ai eu beau m’expliquer, protester que j’avais juste gagné en muscles, il m’a sorti que j’étais taillé comme une bête d’orage (je ne veux même pas savoir ce que ça veut dire, ordure). Plus tard, à l’apéro – oui, j’ai décidé de n’aborder que l’essentiel, ce matin -, il a remis ça, mais comme le cocktail était moins explosif que l’an dernier, j’ai réussi à ne pas me rouler sous la table dès la première gorgée. Ça ne m’a pas empêché de me faire capter une fois de plus par le cuisinier.

A un moment, Secrétaire Parfaite s’est furtivement glissée derrière M., un collègue qui arbore une queue de cheval filasse, a enserré cette dernière et s’est écrié : « Ah ! J’ai touché ta queue ! ». Je n’ai pu réprimer un « ça commence bien ! » à voix haute mais que je ne destinai qu’à moi. Sauf que le cuistot a entendu, et il a commencé à m’asticoter. J’ai fait une moue pour lui faire comprendre que la queue de M. ne m’intéressait vraiment pas ; la réaction ne s’est pas fait attendre : « Ouais, je suis d’accord avec toi ; ce n’est pas celle que j’aurais envie de toucher non plus ». Regard lourd de sous-entendu. Tout va bien, c’est une rentrée comme les autres !

G.