03 avril, 2006

J'âne d'or

En un clin d’œil, je me mets nu, et je plonge mes deux mains dans la boîte. Je les remplis de pommade et je me frotte de la tête aux pieds. Puis me voilà battant l’air de mes bras, pour imiter les mouvements d’un oiseau ; mais de duvet point, de plumes pas davantage ; ce que j’ai de poil s’épaissit et me couvre tout le corps. Ma douce peau devient cuir. A mes pieds, à mes mains, mes cinq doigts se confondent et s’enferment dans un sabot ; du bas de l’échine, il me sort une longue queue (bruissement dans la classe, bruissement attendu ; « ne riez pas, c’est pas tout de suite ! »). Ma face s’allonge, ma bouche se fend, mes narines s’écartent, et mes lèvres deviennent pendantes ; mes oreilles se dressent dans une proportion démesurée (« tssss, soyez patients !). Plus moyen d’embrasser ma Photis ! Mais certaine partie (et c’était toute ma consolation) avait singulièrement gagné au change (« c’est bon, vous pouvez y aller ! »).
L’Âne d’or ou les Métamorphoses, Apulée.

G.

Alibi pédagogique ! Quel bonheur d’avoir un public presque adulte face à soi !

1 commentaire:

Alcib a dit…

L'âne d'or devient l'étalon d'Achille ?