09 avril, 2006

Réflexion méta-bloggeuse

Comment assurer l'unité d'un blog?

Le programme de littérature de terminale met à l'honneur des oeuvres qui frappent par leur économie éclatée. Qu'il s'agisse des Métamorphoses d'Ovide, des Caractères de La Bruyère, du recueil de Bonnefoy ou même du Procès de Kafka, la continuité ne va pas de soi, mais elle existe.
Le blog participe par nature du même éclatement. Mais obéit-il lui aussi à une logique interne propre à chacun de nous? En d'autres termes, nos post reflètent-ils le caractère à la fois polymorphe, original et cohérent de nos personnalités respectives? N'est-il, au contraire, qu'une succession fortuite de touches de couleurs ?
Le blog de khoyot n'est pas celui d'Alcib qui contraste on ne peut plus avec la fucking life de Miss F. On trouve encore tout autre chose chez Rafaele. C'est que chacun est régi par une loi implicite.

Unité dans la forme : dans le blog de Miss F. de Tarlousie, tous les messages obéissent à une même présentation. Le contenu est décalé, mais la forme immuable, précisément codifiée : photo légendée (un régal, toujours), récit des dernières mésaventures, teasing et, pour clore le tout, la rubrique "recherche gogole". Ecriture et lectures sont ici fortement ritualisées.
Participant du même principe d'unité, mais plus discret, des séries d'articles ponctuent certains blogs : le titre en est alors numéroté (les humeurs de khoyot, mais ce n'est qu'un exemple). Ces déclinaisons de titres courent sur des périodes plus ou moins longues.

Unité dans la sensibilité ? Jetez un oeil à cet article qui est venu opportunément nourrir ma réflexion. L'originalité de nos écrits ne tiendraient pas qu'à une affaire de style, nos différences ne tiendraient pas qu'à la diversité de nos situations (nationalité, mode de vie, professions, loisirs...). Ce serait aussi affaire de sensibilité. Il est vrai que nous avons tous nos registres de prédilection; mais au fond, qu'est-ce que cela apprend de nous ?
Je suis de moins en moins certain que nos blogs reflètent ce que nous sommes. Il n'est même pas sûr qu'ils reflètent ce que nous voulons être. Le blog est une forme de myopie : il se focalise sur des détails et manque d'une vue d'ensemble. Il donne au mieux l'illusion de connaître, mais l'objet demeure fuyant, sans pour autant que le blog en question manque de sincérité... Peut-être certains blogs pourraient-ils me convaincre que je me trompe. Je suis prêt à l'admettre. Mais à mes yeux, ce medium aiguise la curiosité mais n'est pas un outil de connaissance.

G.

2 commentaires:

Alcib a dit…

Désolé, G. : je manque de temps et surtout de concentration pour commenter les derniers articles, comme pour rédiger les miens...
La question que tu poses ici est celle du journal personnel comme elle s'est toujours posée dans le monde de l'édition, sauf que dans l'univers des blogues, la liberté est pratiquement sans limite.
En gros, on peut toutefois les classer en deux catégories : le blog « intime » et le blog « extime » (pour utiliser un terme repris par Michel Tournier). Bon nombre d'entre eux alternent ou chevauchent ces deux catégories.
Néanmoins, on se révèle toujours un peu, souvent malgré soit, ne serait-ce que par le choix du sujet, et cela même s'il ne s'agissait que du commentaire d'une image de l'actualité ou d'une bizarrerie quelconque...
Certains utilisent les mots, les images, la musique, pour se confier, se dévoilier ; d'autres le font pour attirer ou détourner l'attention... Le détour lui-même annonce que quelque chose a été contourné...
Sujet riche qui mériterait à lui seul tout un blogue. Merci de m'obliger à activer mes neurones.

Alcib a dit…

« Se dévoilier », serait-ce partir sur la mer, toutes voiles dehors ? ;o)

Je reviendrai commenter d'autres articles.