21 mars, 2006

Folle jeunesse

"Une révolution révolutionnaire" scandait K., me présentant son laïus en vue d'un concours d'éloquence. C'était hier soir. Il ne croyait pas si bien dire...

Plein de la généreuse insouciance du prof en début de carrière, j'ai sacrifié une demi-journée de congé sur l'autel de la conscience professionnelle : je devais faire passer des oraux blancs. J'en ai fait passé un, au lieu des huit prévus. Pourquoi? Mais parce que c'est la révolution au lycée de Coucouville : toutes les grilles étaient cadenassées dès 7h30 et renforcées de papier toilette. Blocus pour lutter contre le CPE (parce qu'à tous les coups, c'est le proviseur, alias le Bolivien, qui est derrière tout ça). Conscience politique admirable : à 9h30, les meneurs s'étaient tous barrés en ville ou au café du coin... Restaient leurs braves pédagogues, regardant tomber les flocons bien au chaud dans la salle des profs, du moins pour ceux qui avaient réussi à passer.

Et à quoi ça rêve, des pédagogues désoeuvrés? Au fric, pardi. Bâtissant des chateaux en Espagne, nous avons projeté à quatre de former le cartel de Coucouville : traffic de drogue, d'armes, de blanches et d'organes. Devinez quel est le sadique qui a proposé ce dernier pôle d'activité?

Quand ça ne rêve pas à la poule aux oeufs d'or, ça passe son temps à se dévaloriser, en scrutant les listes de bac de ses collègues :
"Oh! Tu connais plein de choses!
_ Non, c'est toi!
_ Tu m'épates! C'est qui cet auteur? Comment tu as le temps de faire tant de choses?
_ Tu déconnes! C'est pas moi qui étudie l'Humanisme avec des séries technologiques"...
Chacun ses lubies. Marrant de constater combien nos descriptifs d'activités (comprendre : listes de bac) révèlent nos personnalités!

G.

P.S. : au fait, devinez qui va devoir sacrifier un samedi matin pour faire passer (???) des oraux blancs?

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