07 mai, 2007

Et toi?

S : Salut; ça va, toi?
G : ça pourrait être pire, je présume. Et toi? (petite grimace)
S : Moi, je suis barbouillée; y a quelque chose qui n'a pas dû bien passer, hier soir. Ou quelqu'un. (sourire triste)

J'observe les visages, connus ou inconnus, et tente d'y déceler un message. Leur vie est-elle meilleure ou plus morne, aujourd'hui? Rien ne semble avoir changé pour eux. Je ne sais plus lire aperto libro dans le coeur de mes concitoyens, on dirait. Seul le feu rouge de Coucouville exprime ouvertement ses sentiments : il est au clignotant pour la journée. Lui, il est en fête.
Au bahut, on se jauge, on se cherche, on se comprend à demi-mot. Certains semblent avoir besoin de parler un peu plus longuement que d'habitude. On s'attarde sur les seuils des classes, décimées pour cause de pont.
*
Je me suis senti étonnamment éveillé au sortir du lit. Je me serais bien passé d'entendre vibrer la voix qui m'en a chassé. Nulle envie de m'attarder sous la couette, ce matin, même si je commence à dix heures. J'éprouve le besoin de m'atteler à mille petites choses indispensables : cirer mes chaussures, repasser, choisir mes vêtements avec soin (j'ai remisé trop longtemps ce petit pull noir; ça tombe bien, il fait un temps exécrable) et puis, urgence absolue, réactualiser les listes de lectures de mon I-pod; il faut trouver la bande originale qui collera au mieux à l'étrange humeur du jour. C'est curieux quand même, ce mélange de sérénité et d'agitation qui s'est distillé en moi. C'est la glaçante lucidité des jours sans...

En sortant de l'appartement, j'étais persuadé de ne rien laisser transparaître de mon état, et de ne même pas avoir besoin de me forcer. Comme si j'étais vraiment une coquille vide. Pourtant, depuis ce matin, on n'arrête pas de me notifier ma mine effroyable; on me demande ce qui cloche, en feignant d'ignorer la réponse, si évidente, et en surjouant l'enthousiasme : cette ironie amère est leur moyen à eux de surmonter leur propre perplexité.

C'est vrai que j'ai ma tête des mauvais jours; ça doit être le pull noir...

G.

3 commentaires:

Alcib a dit…

« C'est la glaçante lucidité des jours sans... » : j'aime bien cette formule, qui me semble exprimer ce que je ressens aussi.

Ne transforme surtout pas ton pull noir en drapeau pour aller faire des feux de rabat-joie dans les banlieues.

Anonyme a dit…

Je fais le tour des blogs que j'aime pour trouver un peu de réconfort. C'est bon de ne pas se sentir seule...

Anonyme a dit…

et bien je vois que l'humeur étai générale...
Pour ce qui est de l'énigme, non ce n'est pas ça! mais cherche un pue... voyons... Vous devriez voir vous! que mes amis ne trouve pas c'est normal mais vous etes avantagés! ou alros j'ai vraiment l'espris tordu!