07 juin, 2007

Paires minimales

Il serait naturel de croire que les fins d'années sont de tout repos. Rappelons ici la parenté entre naturel et naïf. La vérité, c'est que la proximité des vacances est éprouvante. Non seulement, les mômes sont énervés, mais leur petit nombre (je parle ici du lycée où les cours finissent plus tôt qu'au collège) interdit tout espoir de cours constructif. Peu et peu motivés, nos élèves... Allez donc essayer de faire autre chose que de l'occupationnel (de la garderie, quoi) dans ces conditions. Le problème, c'est que je ne suis vraiment pas fan du pendu, surtout par séance de deux heures.

Le salut du prof de français en ces périodes troublées, c'est le jeu d'écriture - et grâce aux Surréalistes (soyez bénis, Saint Breton, Saint Eluard et Saint Cetera!), ça s'inscrit même dans le Programme! Au menu, entre autres, Cadavres exquis, Paires Minimales et L'Un dans l'Autre. Inutile de vous décrire les yeux ronds des adolescents au moment où je leur annonce le programme, qui évoque vaguement le kama-sutra. Inutile aussi, de mentionner leur peu d'entrain : quand je leur fais remarquer que dans "jeu d'écriture", il y a jeu, ils me rétorquent qu'il y a surtout écriture et que écriture = corvée. Tout cela m'a inspiré une de ces formules dont j'ai le secret : "Alors, mes Paires Minimales, je peux m'asseoir dessus?" (sic) - les fins d'année me rendent espiègle.

Passons sur mes difficultés de pédagogue et mes jeux de mots un peu lestes pour nous concentrer sur les règles à suivre. On appelle paire minimale un couple de paronymes qui ne diffèrent que d'un phonème (un son, quoi). Ciel et miel forment ainsi une de ces paires. Dresser un inventaire n'est évidemment pas une fin en soi. Aussi connu sous le nom de jeu des conditionnels, cette activité consiste à imaginer ce que deviendrait ce monde si l'un devenait l'autre - c'est une illustration littéraire de la non-nécessité du monde, de la contingence de l'existence (oui, je suis chi*nt exprès). On essaiera autant que possible d'y mêler humour ou poésie.

Exemples by myself : Si les miroirs devenaient tiroirs, tous les Narcisse de la terre se plieraient en quatre pour se faire plus beaux.
Si la chute devenait chatte, les plus malheureux retomberaient sur leurs pattes
L'un des élèves proposa cette petite perle : Si la soupe devenait loupe, on mangerait à l'oeil

A vous d'essayer?
Si les fraises devenaient braises...
Si la paresse se faisait caresse...
Si les livres devenaient lèvres...
Si...

Ce jeu laisse rêveur. Je ne me console pas d'avoir perdu les premières paires que j'ai produites, il y a bientôt neuf ans. Si le coeur vous en dit, laissez en commentaires vos inventions (sur simple demande, j'ai des stocks entiers de paronymes!)

Dans un billet à venir, je vous livrerai les règles du jeu de L'Un dans l'Autre qui vise à la création d'énigmes.

G

P.S. : Rien à voir, mais ce même jour, j'ai engueulé l'adjoint du patron. Il faut vraiment que j'arrête de sauter des repas...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah! Si les profs nous faisaient faire des jeux comme celui-ci au lieu de nous assommer avec des pavés ("Les Géorgiques" de Claude Simon pour ne citer que lui) La vie serait bien plus belle! (Il n'y a guère qu'en grec où le professeur fut inventif: nous traduisons désormais du Sappho...)
"Si la paresse se faisait caresse..." Voilà qui laisse rêveur en effet! Je n'ai pas d'idée pour l'instant, mais je vais y réfléchir! (Merci pour cette idée qui m'occupera sainement en cours de philo)

Les Pitous a dit…

Incitatus => Tu seras surprise d'apprendre que c'est mon prof de lettres d'hypokhâgne qui m'a fait découvrir ces jeux. Tu auras un aperçu de mes écrits d'alors, d'ici peu (quand j'avais ton âge, en fait).

Sinon, traduire du Psapphô (je fais mon pédant), c'est magnifique, mais c'est pas coton l'éolien!

Didier Goux a dit…

Sinon, en moins relevé, on peut toujours jouer à "entre les draps... entre les cuisses...".

Anonyme a dit…

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