22 février, 2006

Dans la pochette rouge 2

Suite du compte rendu ethnologique, où l'on voit que j'ai craqué sur les commentaires cinglants a posteriori (entre parenthèses, en italique et en couleur : vous ne pouvez pas les rater). Il faut dire que j'étais bien grandiloquent il y a 7 ans.
Je parlai tout à l’heure des idées malsaines qui me traversaient l’esprit (et là, je change d’objet d’analyse et passe de Scott à Scotta [ouais, ça rendait mieux avec le vrai prénom]) : que me vaudraient des relations homme-femme ? La mince excitation que je retire des prouesses de mon voisin de chambre, à quoi tient-elle ? Mais, malheureux, elle ne vient pas de l’hétérosexualité (invention de Satan) et encore moins de l’affriolante Rosa Luxemburg, mais simplement du fait que Scott est l’un des deux partenaires. Du reste, moi, dans de telles circonstances, je ne m’imagine pas une seconde ressentir un plaisir tel qu’il me ferait pousser des râles et des cris semblables aux siens (mais le sentir n’est-il pas la condition du connaître, après tout ?). En fait, bien que je lui semble le plus sensuel des débauchés, des garçons de mauvaise vie ou des nobles Quirites décadents, je suis incapable de ressentir une pleine jouissance sexuelle (ouhlà ! j’aurais mieux fait de me relire avant de recopier ce billet que je n’avais pas dû afficher ! je rappelle que j’avais 19 ans !). C’est d’ailleurs à l’origine de mes insatisfactions – et ce n’est pas faute de bons partenaires (mouais, ça se discute). C’est encore Jérôme qui m’a offert le plus sérieux diagnostic : « j’ai beaucoup de plaisir avec toi, bien davantage que tu n’en as avec moi » (le même Jérôme m’a plaqué avec un bon vieux poncif : « entre nous, c’était purement sexuel »… texto). Beaucoup auraient peine à y croire, Scott en tête, mais le seul plaisir érotique que je suis capable d’éprouver pleinement est intellectuel : le plaisir de jouer, le plaisir de l’acteur et du metteur en scène, le plaisir de susciter chez l’autre l’excitation et de savoir au mieux comment l’apaiser (qu’il est doux de vieillir, finalement !). Bref, il s’agit des plaisirs qui flattent l’orgueil. Certains parleront de plaisirs vains. J’y ajouterai une certaine conception de la générosité (je me mouchais pas avec le coude !). Et je ne parlerai pas de la sensation assez exceptionnelle qui nous laisse sobre dans une situation où l’ivresse est de coutume, de rester lucide quand l’autre est emporté, de pouvoir calculer quand l’autre improvise. Le pouvoir du sang froid est un grand pouvoir (niak niak niak niak… ça manquait d’un petit rire sardonique). Toutes ces caractéristiques font sans doute de moi ce que l’on nomme communément un allumeur (pas loin, oui). Quelquefois, je paierais cher pour connaître la même exaltation un peu imbécile des autres garçons (vulgum pecus)… A défaut, j’ai toute ma vie pour perfectionner la finesse de mon jeu (la vie t’a réservé un meilleur sort, réjouis-toi !). M’améliorer et m’améliorer encore en amour (geisha power). Cette idée me poursuit depuis mes premières relations sexuelles : accroître son expérience et son savoir-faire (style le vieux routard qui avait deux longues années de vie sexuelle à son actif !). Sans doute les répercutions de ma nature studieuse et de mes idéaux d’efficacité et d’excellence sur ma nature sensuelle (grands dieux ! est-il possible que j’ai changé à ce point ?)

Quand j’y pense, je suis tout près de me persuader que je ne suis pas plus fait pour les amours intermasculines que pour les amours mixtes. Il me reste toujours en secours ma part mystique. Rapprocher le sexe de la mort, en faire un sacre, un sacrifice (non mais j’allais pas bien !). Un prêtre qui officie, c’est ce que je fais déjà en un sens. Prêtre d’Aphrodite ou prêtre d’Hécate ? L’un et l’autre suivant mes inspirations. Pour l’heure, c’est pour le néant que j’œuvre (niak niak niak niak niak).

Tout cela n’est guère réjouissant (pouêt pouêt). Nous sommes bien loin des gémissements nocturnes de Scott. Le monde est vraiment parfait. Tout est bien. Oublions cela pour un temps. Ma préoccupation majeure concerne l’heure qu’il est. Mais qu’ai-je bien pu faire de ma montre ? Je suis dans le flou temporel. Voilà qui ne va pas m’aider à restructurer ma pensée ! D’ailleurs, rien ne pourrait m’aider :
=>Je suis une cause perdue pour la philosophie.

Déjà, je viens de comprendre ce qui me paraissait étrange dans mon emploi du temps du jour, et la raison pour laquelle je n’arrivais pas à réaliser que nous étions mardi : c’est latin que j’ai après la philo, pas grec. J’étais parti pour me faire deux lundi dans la foulée ! Il est vrai que je n’ai pas assisté à un cours de latin du mardi latin depuis une petite éternité (c’est ce même G. qui parlait d’idéaux d’excellence et de sérieux, tout à l’heure ?). Et on ne peut pas dire que je sois ravi de renouer avec mes vieilles habitudes.
Je me sens ridicule (si peu). Je me dégoûte moi-même de plus en plus. A quel stade de la dépression en suis-je rendu, docteur ? Et à quel stade de l’improductivité ? (enfin, je me reconnais !) Atteindras-tu jamais la barrière de l’ennui ?
ennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennuiennui
=>nous y voilà enfin.
Elle me fait rire la prof ! Aurais-je moi aussi une personnalité intelligible ?
(fin du billet)
G

1 commentaire:

Alcib a dit…

« Je pense, donc je suis » (Descartes)
« Je pense, donc je jouis » (Alcib)