16 février, 2006

Naïvetés

Quand j’étais minot, je m’étais persuadé que nous naissions tous avec la même proportion de vices et de vertus, avec le même lot de bonheurs et de catastrophes suspendu au-dessus de nos têtes. Ainsi, le type vraiment con et hideux que je ne pouvais pas piffrer avait-il dans sa main le même nombre d’atouts que moi. Peut-être le repoussant était-il une maxima mentula de toute beauté ? Peut-être le beau était-il inapte à l’amour, en éternel handicapé affectif… Celle qui enchainait deuil sur deuil connaîtrait bien à son tour des jours heureux et ils n’en seraient que plus intenses, non ?

L’expérience a balayé mes généreuses représentations : il y a des taches qui ne seront jamais que des taches. Cela m’amène à d’autres questions, politiquement hautement incorrectes : si l’égalité - pas même l’équivalence - n’a pas sa place dans la Nature, quelle est la mienne dans la hiérarchie des êtres ? Et quelle est la légitimité de la Démocratie ? Est-il juste ce régime qui accorde une même valeur à deux jugements inégalement fondés ? Mon avis est-il lui-même assez rigoureusement formé pour ne pas démériter dans l’urne ?
C’est bien ennuyeux de perdre foi en la démocratie. Mais ça l’est plus encore d’imaginer qu’un Sarko ou un Le Pen puissent être de légitimes chefs d’Etat.

G.


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