24 février, 2006

Ses plus belles chansons 2

Céline Dion : ses chefs d’œuvre méconnus
Inutile de revenir sur les titres qui ont fait la gloire de la Diva canadienne. Je m’intéresserai ici à la genèse de cette authentique artiste, à travers quelques chansons de l’ère Eddie Marnay. Que le choix fut difficile !

1) Mon visa pour les beaux jours (1982)
On reconnaît là les accents jazzies du début de sa carrière : ça va swinguer (choubidou-wa), se dit-on en écoutant les premières mesures. Cette chanson est en fait un vibrant éloge de la liberté et un appel à un monde sans frontières. Grâce à son « passeport couleur de l’amour », rien n’arrêtera Céline Dion lancée à toute allure telle une bulle de champagne sur l’autoroute du bonheur. Elle le reconnaît elle-même : tout cela la « mène à n’importe quoi ». Cela dit, on sent poindre un appétit insatiable qui annonce toute l’ambition de cette petite, prête à « dévorer des étoiles ».

2) A quatre pas d’ici (1983)
C’est à l’évidence une berceuse, si j’en crois les paroles… mais je doute qu’une chanson si diaboliquement rythmée puisse vous aider à trouver le sommeil! Ce qui frappe, c’est surtout la diversité des références culturelles dont certaines me résistent encore. La Dion fait en effet principalement appel à la mythologie nord-américaine : les Indiens côtoient Superman, de mystérieux hommes-machines se promènent dans un bois de Caroline (l’Arcadie américaine, ça ne fait pas l’ombre d’un doute) et hop, en l’espace de quelques vers nous voici transbahutés sur une île au trésor avec Captain Kidd - pour les besoins de cet article, je viens de découvrir sur un site de paroles de chansons la véritable identité de ce personnage dont j’ai longtemps cru qu’il se nommait Gartenki. Quel voyage dépaysant !

3) Hello mister Sam (1983)
Hélas, c’est de mémoire que je dois réaliser cette chronique, puisque c’est une amie qui nous a fait découvrir ce morceau dont, heureuse naine, elle possède le vinyl. La pochette en elle-même est déjà un poème. Mister Sam est un vieux musicien, un genre de joueur de flûte de Hammeln, mais avec un banjo. Comme vous l’aurez compris, cette chanson est encore fortement ancrée dans l’imaginaire nord-américain : nous sommes ici transporté à la Nouvelle-Orléans, parce que Nouvelle-Orléans = musique. Gageons que ce bon misteur Sam est noir, ce qui expliquerait son sourire éclatant (vois plus bas).
A vrai dire, la chanson se passe de commentaire : les paroles sont éloquentes. Pour de bêtes raisons de droits, je ne les reproduirai pas en entier ; certains extraits significatifs suffiront, je pense, aux infortunés qui ne l’ont jamais entendue, à s’en faire une idée assez fidèle :
Avec ton sourire en forme de croissant

Tu prends les enfants au soleil de tes dents
Oooooooooooooooh It's all right, oh it's all right
Tout l'monde est content wohooooo

4) L’hymne à l’amitié (1984)
L’hymne à l’amour n’a qu’à bien se tenir puisque « lalalalalalalalalalalalala l’amitié, c’est le plus beau pays ». Ce titre rayonne d’optimisme, et c’est de loin mon préféré. Comme A quatre pas d’ici, il est nourri de références culturelles : Don Quichotte et Sancho Panza, couple emblématique de l’amitié ; retour à l’étymologie de « copain » (« donne ton pain et ton vin et ta vie », appréciez l’anaphore et les jeux de sonorités) ; on sent également toute l’influence exercée par la théorie d’Aristophane exposée dans Le Banquet de Platon sur la jeune chanteuse et ses paroliers. L’enthousiasme manifesté tout au long de la chanson trouve son point d’orgue dans une stupéfiante envolée vocale dans les derniers instants.

5) La religieuse (1987)
Quelle évolution depuis son premier album intitulé La Voix du Bon Dieu (1981) ! En effet, cette chanson aborde courageusement un tabou absolu : la libido des moniales. « Et prier cet homme sur la croix, c’est encore se donner à lui/ Et quand lui viennent ces idées-là, c’est à peine si elle en rougit »… La voix de la chanteuse, pourtant bien jeune encore, n’a rien de juvénile lorsqu’elle évoque les désirs refoulés de la nonne qui donne au Christ ce qu’elle ne peut plus donner aux hommes. On ressent toute la souffrance ressentie par la jeune fille, la vaste étendue des tentations : hors les murs de l’abbaye, le monde est tout débauche. On devinera au cours de la chanson qu’il y a à l’origine de sa vocation religieuse une histoire d’amour qui a mal fini (« elle revoit des chambres hôtel »… on en vient même à s’interroger sur ses activités antérieures : une Marie-Madeleine repentante, qui noue « ses cheveux sous une cornette anonyme », sans venir à bout de sa sensualité). Quand la Dion sussure les « frissons de désirs », le timbre verse même dans l’érotisme torride.
La particularité de ce titre est d’osciller entre orchestration litturgique à base d’orgues (enfin, de synthés imitant l’orgue) et chabadibawa jazzies. C’est un morceau troublant qui n’aura de cesse de nous interroger et de vous convier à la compassion.

G.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop cool, je reviendrai.

Les Pitous a dit…

Merci et bienvenue.La série "ses plus belles chansons" pourraient bien s'emparer bientôt de la grande Nana et de l'inoubliable Karen Chéryl...